Son visage ne ressemblait à aucun autre. On disait volontiers de lui qu'il avait les traits taillés à la serpe. Tous ses os étaient marqués, saillants. Ses lèvres n'étaient qu'un mince trait coupant tandis que ses sourcils évoquaient la ligne brisée. Et sa mâchoire ! On eût dit qu'il n'y avait qu'un voile de peau sur son menton acéré. Son nez aquilin avait le tranchant d'un couteau bien affûté.
Évidemment, tout son corps était à l'avenant. Étonnamment, son environnement l'était aussi : il était mineur. Il passait ses journées dans des boyaux sombres, taillés à la pioche. En bas, le paysage se résumait à des angles, des droites en morceaux, des segments. Brisés, cassés, tailladés. Bien sûr, lui était à l'aise dans ce contexte. Il paraissait chez lui dans ce dédale, parmi les traces de pic, les rails tirés au cordeau et les poutres tout juste équarries. Dans tout ce décor effroyablement anguleux, il n'y avait que deux éléments arronfis, deux détails : les casques des mineurs et les roues de wagonnets. Cela le mettait mal à l'aise.