La date du 26 avril devait rester à jamais gravée dans l'esprit de Tony. La veille, sous l'impulsion d'un client et ami, il avait, pour la première fois de sa vie, validé un bulletin à la caisse du PMU de son propre bistrot. Il avait misé sur le dernier tocard, un cheval au nom farfelu et portant le numéro 19. Et il avait assorti son pari sportif et financier d'un autre, amical celui-là, devant ses habitués : "S'il gagne, je fais 19 fois le tour de mon arrière-cour à cloche-pied avec un plateau et un demi dessus."
Tony était tranquille, il avait misé sur un tocard. Seulement voilà, il y a des miracles et même un tocard peut gagner une fois dans sa vie. Le lendemain, le numéro 19 était arrivé en tête. Tony avait dû s'exécuter, sous les commentaires hilares des habitués. Un vrai calvaire. Au bout des 19 tours, le bock était vide et Tony dégoulinait de bière et de sueur mélangées. La seule pensée qui l'avait fait tenir était la coquette somme qu'il allait empocher, à 54 contre 1.