Tout foutait le camp. Le quartier grouillait à présent de chinois. On aurait dit qu'ils poussaient sur les arbres, ou se multipliaient tels des lapins. Non pas que ça me dérangeait, autant de chinois, mais j'avais du mal à les repérer, et dans mon métier c'est un problème. Quand on est physionomiste de profession, il faut avoir l'oeil vif, de la précision et une très bonne mémoire. La faute professionnelle, c'est de mélanger les traits des uns et des autres. Et avec tous ces chinois, je m'embrouillais les crayons comme jamais : c'était inquiétant. J'avais bien tenté de me former, j'avais même vu un documentaire sur le sujet, qui détaillait les différents points du faciès que l'on pouvait employer pour reconnaître les gens. Peine perdue. Les européens, les occidentaux en général, les noirs, les latinos, aucun problème. Mais les chinois, j'y perdais mon latin.