Flâneur

Quelques mots d'un flâneur ordinaire...

dimanche 21 mars 2004

Mémoires mortes : autopsie d'un polar sérieux

Ce polar est le deuxième tome de la série écrite avec succès et avec brio (non, pas avec Brio mais avec brio quand même ;-)) par Patricia Cornwell. Certains diront que je débarque, à juste titre puisque cette série s'est enrichie récemment d'un énième volume. Mais je n'en suis pas là et j'aime prendre les choses dans l'ordre.
J'avais donc déjà lu le premier opus, Postmortem, une fois en version française et une fois dans le texte. J'avais trouvé le récit très bon. Le second est aussi bien. On y retrouve Kay Scarpetta, la légiste en chef de l'état de Virginie, aux prises avec un meurtre particulièrement brutal. Et une question apparemment insoluble : alors qu'elle était menacée depuis quelques temps, pourquoi la victime a-t-elle ouvert sa porte à son meurtrier ? Puis les cadavres s'accumulent, les questions se multiplient et la pression monte, surtout lorsqu'un avocat du milieu littéraire veut s'emparer de l'affaire pour se faire de la publicité.
Voilà pour l'histoire. L'intrigue est construite de façon très solide, et la progression du récit est exemplaire : on commence avec un mystère policier assez classique, puis on vire vite à la situation paranoïaque (les gens sont-ils vraiment qui ils prétendent ?) avant de tourner au suspense brut et son paroxysme final. Une toute petite critique cependant : le meurtrier qui finit par menacer la légiste, c'est bien pour le ressort de l'intrigue puisque c'est elle le personnage principal, mais c'est la deuxième fois et il ne faudrait pas que ça devienne une habitude, sinon c'est plus vraiment crédible. A voir dans le tome 3.
Sinon c'est un livre captivant, les américains disent un page turner, qui se lit très très vite. Pour les amateurs de polar, en commençant de préférence par le premier volume si ce n'est pas déjà fait.

Flânons donc.

mercredi 17 mars 2004

Délires à Washington : un édifice d'arrogance manichéenne

Ce livre de Jean Guisnel m'a été offert es qualité de français de retour des Etats-Unis. Son sous-titre, "Les citations les plus terrifiantes des faucons américains", n'est à mon avis que partiellement exact. Au sens premier du terme, je n'ai trouvé de terrifiant que la partie sur la torture "légalisée" pour les terroristes. Par contre ces citations sont édifiantes sur le mode de pensée et les motifs profonds de l'équipe gouvernementale du benêt. Les titres des grandes parties, fort bien choisis par l'auteur, résument beaucoup de choses : Au nom du bien, conquérir le monde ; Feu à volonté contre les tièdes ; Tous les moyens sont bons... Voilà tout un programme !

Ces citations, parfois contradictoires et qui démasquent les arracheurs de dents, révèlent surtout une arrogance et une suffisance ahurissantes. Le discours global peut être condensé, malheureusement en caricaturant à peine, en "Nous sommes les bons, nous avons forcément raison, et de toute façon nous sommes les plus forts donc nous avons tous les droits; Si vous n'êtes pas d'accord, c'est que vous faites partie des méchants alors gare à vos fesses". On aimerait entendre la maîtresse annoncer la fin de la récré.

Pour terminer et puisqu'il s'agit d'un livre de citations, je vais en reprendre une, preuve que les "néocons" (un terme qui a beaucoup de sel pour nous français) n'écoutent aucun propos modéré, pas même quand il vient de leur propore camp, en l'occurrence par la voix de papa Bush : "L'attaque surprise qui vient d'avoir lieu devrait convaincre certains milieux que, contrairement à ce qu'ils pensent, l'Amérique ne peut se permettre de faire cavalier seul dans la lutte contre le terrorisme ou pour toute autre chose " (13 septembre 2001).

En résumé, c'est à lire si l'on s'intéresse au sujet et à la politique. Sinon l'essentiel est connu.
Cadeau-bonus : la caricature de couverture par Cabu.

Flânons donc.

couverture

mardi 2 mars 2004

De bons présages : présages tenus

Voilà un livre de Terry Pratchett et Neil Gaiman que j'ai lu presque par hasard. Je dis presque, parce que quand j'ai vu le nom de Pratchett sur la couverture, je me suis rappelé l'enthousiasme de Brio à son propos et je me suis dit que c'était une occasion de découvrir.
Force est de reconnaître que je n'ai pas été déçu. L'histoire reprend de façon assez neuve un thème pourtant éculé, celui de la Fin du Monde, autrement dit l'Apocalypse (quelle gabegie de majuscules !). Ici, ce sont un ange et un démon qui s'occupent de l'arrêter, contrairement à leurs ordres respectifs, alors qu'elle est pourtant bien entamée.

Le récit est hilarant, en particulier grâce aux jeux de mots, astuces et calembours en tous genres jouant sur l'opposition Dieu/Diable ou ange/démon. Le procédé n'est pas neuf mais c'est bien fait (chapeau au traducteur, d'ailleurs). Les personnages sont truculents, à commencer par Aziraphale, l'ange amoureux des vieux livres et Rampa, le démon toqué de sa Bentley. On y rencontre également une prophétesse tellement barge que c'est son nom, ou le dernier représentant des Inquisiteurs, qui râle perpétuellement contre ces "salauds eud'Sudistes".
Vous y apprendrez enfin que "toutes les cassettes qu'on laisse traîner plus de quinze jours dans une voiture se métamorphosent en Best of Queen", ce qui permet d'écouter des chefs-d'oeuvre tels que "Another one bites the dust, de Tchaïkovski, We are the champions, de William Byrd, et I want to break free, de Beethoven."

Je recommande donc sans réserves.

Flânons donc.