Flâneur

Quelques mots d'un flâneur ordinaire...

samedi 15 janvier 2005

Biographie de la faim : à rester dessus

Bon, alors je ne vous refais pas le topo, Amélie Nothomb, un roman par an, bla bla bla... tout ça. Cette fois-ci, Biographie de la faim est le dernier paru (ouf, je suis tranquille jusqu'à la rentrée prochaine). Je ne l'avais pas expliqué, mais on distingue peu ou prou dans l'oeuvre de la stupéfiante Amélie deux faces. Au recto, les romans "classiques" qui ont fait son succès depuis Hygiène de l'assassin. Au verso, les romans autobiographiques comme Métaphysique des tubes ou Stupeur et tremblements, dont on se demande toujours dans quelle mesure la réalité a été romancée. Biographie de la faim appartient à la seconde facette.
On y suit l'évolution intellectuelle et géographique de la jeune Amélie, fille de diplomate, depuis le Japon jusqu'à la Birmanie, en passant par la Chine, New York et le Bangladesh. On y apprend qu'elle est l'incarnation de la faim, puisqu'elle a faim de tout. De nourritures terrestres comme intellectuelles, d'eau comme de beauté, d'alcool comme de livres. Et puis ? C'est tout. C'est un peu court, me direz-vous. Je suis bien d'accord.
Alors évidemment, j'en rajoute un peu, c'est mieux raconté que je ne peux le faire, tout plein de vocabulaire tordu comme sait le manier Amélie. Au moins, le récit passant d'un pays à l'autre sauve l'ensemble de la monotonie, voire d'un certain ennui comme on peut le connaître avec Le sabotage amoureux.
Bref, ce n'est pas -et de loin- le meilleur de la série.

Flânons donc.

mardi 11 janvier 2005

Le système Valentine : être ou ne pas être anglo-saxon

Avec ce roman de John Varley, on est en plein dans la science-fiction. En plein XXIIIème siècle, pour être plus précis. L'homme a colonisé toutes les planètes du système solaire et quelques-uns de leurs satellites jusqu'à Pluton. Et c'est là que nous découvrons Kenneth Valentine, comédien dans une troupe miteuse qui joue Roméo et Juliette. Cet acteur plein de surprises, qui connait tout le répertoire shakespearien par coeur, va alors apprendre que son amie d'enface est en train de monter Le roi Lear sur la Lune. Une chance inespérée pour lui d'obtenir le rôle-titre... à condition qu'il arrive à temps pour les répétitions. Ce qui est loin d'être acquis, car le voyage est long, surtout quand on n'a pas un sou en poche. Pour ajouter à la tension, Kenneth sa vite s'apercevoir qu'il est poursuivi par un tueur professionnel obstiné et particulièrement résistant. A coups d'arnaques, de passages clandestins, d'entourloupes diverses et de fuites éperdues, Kenneth se lance dans ce périlleux voyage, l'occasion également pour lui de se rappeler son enfance de vedette et la figure omniprésente de son incroyable père.

Ouf. Voilà ce que j'aurais pu dire en finissant ce livre. Ouf d'avoir avalé les 570 pages de ce bouquin trop long. Ouf d'avoir englouti, parfois de force, les incessantes références au théâtre de Shakespeare, généralement indigestes quand on n'a pas la culture idoine. Ouf d'avoir absorbé les multiples flash-back sans trop perdre le fil du récit. Ouf d'avoir ingurgité, en partie grâce aux notes du traducteur, les allusions répétées à une culture collective anglo-saxonne que je n'ai pas. Ouf d'avoir survécu aux différents rebondissements plus ou moins vraisemblables, surtout vers la fin.
Anglais ou américain, vous pouvez le lire, en vous dirigeant sans doute vers la langue originale. Vous avez lu et apprécié tout Shakespeare, allez-y, cela vous fera au moins sourire. Sinon, restez à quai et laissez passer la navette pour Pluton.

Flânons donc.