Flâneur

Quelques mots d'un flâneur ordinaire...

vendredi 29 avril 2005

Le concile de pierre : pierre qui frappe amasse du sang

Diane Thiberge vient d'adopter un enfant, en Asie (comme Johnny donc, mais je m'égare). Mais à Paris, un accident fait vaciller la vie de cet enfant. Un accident ? Pas si sûr, d'autant plus que les meurtres s'accumulent bientôt, et que le passé de l'enfant semble lié à tout cela. C'est le début d'une quête dangereuse qui va mener Diane aux confins de la Mongolie et aux portes de l'invraisemblable.

Pas de doute, Le concile de pierre c'est bien du Jean-Christophe Grangé. Très complexe, très violent, avec une dose de fantastique pour pimenter le tout : on retrouve les mêmes ingrédients que dans Les rivières pourpres (que j'ai vu mais pas lu). C'est pas mal, même si on a parfois peine à tout comprendre ; le suspense est par ailleurs savamment entretenu. Mais autant de sang est-il absolument nécessaire ?
Bref, je ne recommande qu'à petite dose.

Flânons donc.

dimanche 10 avril 2005

Le manoir des sortilèges : entre chevalerie, science et suspense

Sous-titre de ce livre : "Narration, par l'arétalogue Brussolo, des merveilleux faicts du preux et vaillant escuier Gilles et des grandes adventures où il s'est trouvé en son temps". Cette simple phrase apporte plusieurs données. D'abord l'auteur, le sieur Brussolo, Serge de son petit nom (pour les curieux, je n'ai pas trouvé d'arétalogue dans mon meilleur dictionnaire). Ensuite l'époque, le Moyen-Age en l'occurrence. Enfin le héros, Gilles, un écuyer.
Je vous donne l'extrémité du fil de l'histoire (lisez-la et vous constaterez que la métaphore est tout sauf innocente) : Gilles, écuyer de son métier, voit son maître mourir au cours d'un tournoi, et devient donc légalement la propriété du vainqueur, un étrange chevalier à l'armure rouillée qu'il ne quitte jamais. Gilles doit le suivre et se rend vite compte que son nouveau maître est un véritable croque-mitaine (au sens propre !). Toutefois ils partent, accompagnés d'une sorcière égyptienne, Tara, vers un manoir maudit sur lequel plane encore l'ombre d'une bergère devenue princesse et ensorceleuse. Dans l'un de ses grimoires pourrait se trouver une formule pour libérer le chevalier de sa condition de monstre...

Je ne connaissais pas cet auteur, qui a pourtant une vingtaine de romans à suspense à son actif. Et je dois dire que je suis plutôt séduit. L'étrange équipée qu'il nous propose est prenante à souhait. L'amalgame entre chevalerie (normal pour l'époque), science (le parfait petit chimiste des temps anciens) et suspense (mon Dieu, mais comment tout cela va-t-il finir ?) est réussi. Ne pas faire l'économie d'une telle lecture serait assurément une bonne idée.

Flânons donc.

jeudi 7 avril 2005

L'homme rompu : la compromission par l'enveloppe

Il est à peine besoin de présenter Tahar Ben Jelloun, écrivain marocain de langue française et goncourisé. J'avais lu L'enfant de sable et n'avais pas accroché plus que ça, mais j'étais probablement trop jeune. Depuis, je n'avais pas vraiment eu l'occasion de lire un autre de ses ouvrages ; c'est chose faite.

L'homme rompu aurait tout-à-fait pu, en n'ajoutant que trois lettres, s'appeler "L'homme corrompu", car c'est de cela qu'il s'agit. Mourad est fonctionnaire dans une administration marocaine de l'équipement. Personnage raisonnablement important, de sa signature dépendent en partie les permis de construire. Une position qui attire les pattes graissées et les dessous de table. Pourtant, Mourad est honnête, intègre. Mais il est coincé entre son adjoint et son chef, qui le pressent d'apprendre la "souplesse", et sa femme, soutenue par sa belle-mère, qui lui reproche aigrement son salaire de misère. Un jour, Mourad cède et accepte une enveloppe puis une seconde, moins sous la pression que pour assurer une meilleure vie à ses deux enfants, et dans l'espoir de pouvoir divorcer et se rapprocher d'une cousine aimée. Cependant rien ne se déroule simplement, sa conscience le harcèle, son imagination lui joue des tours et il finit par attirer l'attention sur lui.

Une réflexion "de l'intérieur" sur la corruption en général et celle de la société marocaine en particulier. Elle montre bien les tourments des gens qui ont des scrupules dans un environnement moralement relâché.
En résumé, pas indispensable mais bien intéressant.

Flânons donc.