Flâneur

Quelques mots d'un flâneur ordinaire...

mercredi 22 mars 2006

Acide sulfurique : à faire grincer des dents

Je ne vais pas recommencer, une fois de plus, sur Amélie Nothomb et son bouquin-par-an. Acide sulfurique, c'est la cuvée 2005. Je résume l'histoire en quelques mots : la télé-poubelle poussée jusqu'au bout du bout, ça donne la rencontre entre le Loft et Auschwitz, c'est donc le camp de concentration filmé 24/7 (comme disent les américains). Avec son lot d'arbitraire, de violences physiques et psychologiques, et sa file quotidienne de "candidats" condamnés à "partir" (tout en euphémismes).
Vous pouvez le constater, on a ici tous les éléments typiques d'un roman nothombien : un thème plutôt écoeurant voire franchement répugnant, des situations paroxystiques, de nobles sentiments, et des prénoms à la gomme, féminins en l'occurrence, à savoir Pannonique et Zdena. Ajoutez à cela que, malgré deux ou trois mots de vocabulaire soutenu, l'ensemble se lit fiévreusement en un rien de temps (il m'a fallu à peine plus de deux heures) : c'est du Nothomb pur jus.
Selon que l'on se place du côté du verre à moitié vide ou à moitié plein, on envisagera la réflexion différemment. Bien sûr, ce qui nous est proposé là est tellement monstrueux que cela ne pourrait jamais devenir réalité. Mais s'arrêter à ce stade, c'est un peu court (jeune homme). Finalement, le spectacle qui nous est proposé tous les jours sur nos abrutisseurs à petit ou grand écran n'est-il pas déjà presque aussi avilissant ?
Il n'empêche, je recommande cette lecture, simplement parce que c'est je crois le meilleur roman que cet auteur (désolé, je me refuse à ajouter un e) nous ait livré depuis un moment.

Flânons donc.

dimanche 12 mars 2006

Pétrole apocalypse : inquiétant mais motivant

Pour vous parler de Pétrole apocalypse d'Yves Cochet, je vais commencer par tenter de vous donner un aperçu des points importants du livre, je crois que le sujet en vaut la peine.

Premièrement, le diagnostic. Nous sommes à la veille de la fin du pétrole bon marché (et non la fin du pétrole tout court, la nuance est de taille). Trois raisons principales à cela : une raison géologique (peu de découvertes nouvelles, des réserves sans doute surestimées et des capacités d'extraction à leur maximum), une raison économique (une demande de pétrole toujours croissante qui va bientôt dépasser l'offre) et une raison géopolitique (les pays les plus gros consommateurs semblent prêts à tout pour assurer leur approvisionnement). Il est impossible de dire si l'augmentation sera lente et continue ou une brusque envolée, mais il est certain que le prix du pétrole va augmenter, et de façon durable.
Deuxièmement, les conséquences. Ici le regard est sans concessions. Parfois sans même nous en rendre compte, nous sommes totalement dépendants du pétrole dans bien des domaines. Les transports évidemment (et tous les mouvements de marchandises que cela inclut), la chimie (de quelle quantité de plastiques sommes-nous entourés ?) mais surtout un secteur aussi vital que l'alimentation (depuis l'agriculture, via la force mécanique des tracteurs et tous les engrais et autres pesticides, produits de la chimie, jusqu'à la chaîne agroalimentaire dans son entier). Face à un tel constat, l'augmentation inexorable des prix du pétrole va provoquer nécessairement un changement radical de notre mode de vie (qu'on le considère négociable ou pas).
Troisièmement, les solutions. Il n'y en a malheureusement pas trente-six. Considérant l'imminence du choc (d'ici à 2010 au plus tard), et sachant que changer "en douceur" prend du temps, que nous n'avons plus, il semble évident que nous allons devoir subir ce choc. Plus tard nous nous y préparerons et plus la secousse sera rude. La seule façon de l'anticiper est d'organiser une société axée sur la sobriété. Au niveau énergétique évidemment, mais aussi pour la consommation en général, bref une société de décroissance (voilà, le mot est lâché).

A ce stade, évidemment je ne peux pas le cacher : j'ai été convaincu. L'argumentaire que je reprends ici, de par sa brièveté, est sans doute incomplet et peut-être caricatural parfois. Je ne saurais trop vous renvoyer au livre, détaillé, argumenté, étayé (références à l'appui). Un livre qui a de quoi inquiéter lorsqu'on n'a pas d'idée sur le sujet (encore que ça commence à venir, même très timidement, dans les media), mais qui est aussi propre à motiver, car finalement c'est une société à visage plus humain que l'on peut espérer des bouleversements annoncés.

Flânons donc.