Flâneur

Quelques mots d'un flâneur ordinaire...

lundi 24 avril 2006

Une mort sans nom : une série sans essoufflement

Kay Scarpetta voyage. Cette fois-ci, c'est à New York qu'elle se rend, car Temple Gault, le psychopathe aux yeux de glace de Cruel and unusual (Une peine d'exception), y a semé un cadavre dans la neige de Central Park, la veille de Noël. Bien évidemment, le fidèle Marino et le toujours énigmatique profileur Benton Wesley sont de la partie. Une partie de poker macabre puisque chaque bord essaie de manipuler l'autre, d'en apprendre le plus possible sans rien dévoiler de sa propre tactique. Une partie un pas en avant/un pas en arrière, puisque les enquêteurs devront revenir à Richmond avant de repartir pour un final sépulcral dans les boyaux du métro new-yorkais.
C'est le sixième tome de la fameuse série de Patricia Cornwell, et j'accroche toujours autant. Les contours des personnages principaux sont maintenant bien définis, et pourtant on sent bien qu'ils évluent doucement sur le long terme. D'ailleurs, le côté scientifique et technique s'efface un peu dans ce volume derrière l'aspect psychologique. Le fait de retrouver un tueur qu'on a déjà "côtoyé" joue également. Une toute petite critique quand même : avec un assassin aussi machiavélique et sadique, on glisse vite vers le manichéisme. C'est sans doute le danger de ce genre de séries policières.

Flânons donc.

samedi 22 avril 2006

Pyramides : 40 siècles de délire vous contemplent

Enfin, je l'ai fait ! Depuis des lustres, mon éminent collègue Briographe m'avait recommandé la lecture de Terry Pratchett et son Disque-Monde au travers d'un décorticage en règle. J'ai longtemps repoussé sous divers prétextes, puis ai fini par me décider à suivre ses conseils et me suis lancé dans Pyramides. Je n'ai pas été déçu, vous allez comprendre pourquoi.
Teppic est un jeune homme qui vient de finir ses études à la Guilde des Assassins. Autant dire qu'il est versé dans l'art des empoisonnements divers et variés, du lancer de couteaux, dans l'édifiscalalde et dans la science de passer inaperçu, ce en quoi sa tenue de soie noire réglementaire l'aide bien. Mais lorsqu'il apprend la mort de son père, il devient ispo facto le nouveau souverain du Vieux Royaume, et à ce titre responsable de la course quotidienne du soleil dans le ciel, ainsi que de la fertilité des blés, entre autres charges royales. Sa première tâche, comme l'ont fait tous ses prédécesseurs, est de faire édifier une pyramide au défunt. Mais les pyramides ont la redoutable propriété de modifier l'espace-temps, en particulier quand elles ne sont pas terminées : celle-ci va précipiter le Vieux Royaume dans une anomalie d'où Teppic, accompagné d'une servante têtue et d'un chameau mathématicien, aura bien du mal à le sortir.
Vous l'aurez compris, on nage en plein délire. Mais un délire construit, cohérent. Les idées farfelues s'enchaînent en une logique tout-à-fait recevable. Avec beaucoup d'humour et des situations burlesques, voire franchement absurdes. Le tout dans un bon rythme. J'ai adoré la première partie. Je n'ai pas pu m'empêcher de sourire d'un bout à l'autre - au minimum. Merci Brio.

Flânons donc.

jeudi 20 avril 2006

Sucre et secret : saupoudrage surprenant

En Virginie, l'université de Rosebud forme les jeunes filles de la bonne société du Sud des Etats-Unis. Aussi, lorsque l'une de ses plus brillantes étudiantes est sauvagement assassinée, il ne manque pas de notables pour rechercher, poursuivre, arrêter, juger et condamner le meurtrier. Mais dix ans plus tard, toujours en attente de son exécution, celui-ci persiste à clamer son innocence. La narratrice, écrivain française invitée par l'université, le rencontre dans le couloir de la mort, presque sans l'avoir voulu. Elle en ressort convaincue de son innocence. En rejoignant la mère du condamné, elle comprend peu à peu qu'un véritable complot silencieux l'a désigné bouc émissaire depuis une décennie. Est-il encore temps de sauver sa tête ?

Avant d'entamer la lecture de ce roman, la quatrième de couverture m'avait appris que l'auteur, Paule Constant, avait reçu plusieurs prix, dont un Goncourt. Effectivement, le style est irréprochable, c'est déjà ça de pris. Côté contenu, je suis plus sceptique. Le récit emprunte à mon avis des choses à plusieurs genres : le roman à suspense, le policier, le roman psychologique, la description de voyage... comme s'il hésitait à prendre une direction franche. Il propose beaucoup de choses, mais il me semble qu'il y perd en impact, et davantage. Dommage.

Flânons donc.