Flâneur

Quelques mots d'un flâneur ordinaire...

mercredi 31 mars 2004

Un peu d'imagination, je vous prie

Ah ! combien je me suis mordu les dents de ne pas avoir mon appareil photo sur moi, pour vous faire partager de visu un petit morceau d'insolite...
Je flânais hier soir dans un restaurant (toujours dans la plus stricte illégalité vis-à-vis de la loi Evin, soi dit en passant) de la grande banlieue parisienne. Soudain, le jus d'oranges aidant, j'eus l'idée d'aller explorer les toilettes de l'établissement. Les toilettes étaient à la turque, et l'endroit légèrement exigu. Pour bien préciser l'exiguïté du lieu, il n'y avait qu'une seule rangée de carrelage de chaque côté de la faïence évacuatrice. Et sur le mur, donc juste à portée de main même au moment fatidique... une douche 8|. Complète, avec robinets, mélangeur, flexible et pomme de douche. Cette vision m'a laissé sans voix, et rêveur quant à l'utilisation qui en est attendue dans une telle pièce. Je frémis rétrospectivment à l'idée des légumes que j'ai dégustés dans ce restaurant, et qui ont dû être lavés dans le bidet qui trône peut-être au beau milieu des cuisines ! :p

Flânons donc.

lundi 15 mars 2004

De l'intérêt de partir en une seule fois

Celles et ceux qui ont déjà vécu ça me comprendront. S'il est une situation fausse, un sommet de malaise, c'est bien d'aller chercher ses dernières affaires chez un ou une ex. Si la rupture s'est faite avec fracas, elles seront déjà sur le trottoir. Sinon, c'est une drôle de corrida qui commence. Le toro et la muleta. On se frôle à peine, on s'évite, ole ! Si l'un se tourne, l'autre se détourne dans le même mouvement. Les regards sont magnétisés, mais c'est au même pôle car ils se repoussent sans cesse. On n'ose pas dire, on ne veut plus dire, ou l'on n'a plus rien à dire. On se limite aux faits, aux objets, qui sont neutres, eux. Des politesses machinales, et basta.
Dans la voiture de retour, à la radio la moindre chanson d'amour ou assimilée est insupportable.

Flânons donc.

Chanson d'amour (...!)
[Fredericks-Goldman-Jones]

Chanson d'amour, hystérie du moment, écrans, romans, tout l'temps
Des p'tits, des lourds, des vrais, d'autres du flan
C'est trop, finissons-en
Ça dégouline de tous les magazines
Ça colle aux doigts, ça colle au cœur, c'est dégoûtant
En vérité,
Qui pourrait m'en citer
Un seul qui lui ait donné
Plus de liberté

Des amours propres, les plus sales, écœurants
J'en ai croisés souvent
Enfants parents, photos, sourires, charmants !
Nés pour venger tous leurs échecs, donnant donnant
Amours "vautours" ou "vitrine", j'en ai vus
Mais des amours tout court, ça court pas les rues

Abus d'confiance, vulgaire anesthésique
Inconscience pathétique
Ça peut cacher nos misères un moment
Comme un alcool, comme une drogue, un paravent
Mais y a toujours un de ces sales matins
Où l'on se dit que l'amour, ça sert à rien

Trève de discours, y a rien d'pire que l'amour
Sauf de ne pas aimer
Autant le faire, c'est clair
Et puis se taire

dimanche 7 mars 2004

Politiquement incorrect

ou Pourquoi je ne veux plus soutenir les Restos du Coeur

Ce week-end à la télé, c'était la traditionnelle soirée annuelle des Enfoirés. L'occasion une fois de plus de faire appel à notre générosité. Désolé, mais je ne marche plus.

Parlons de l'émission en elle-même tout d'abord. Il est manifeste que les artiste présents s'en donnent à coeur joie et s'amusent comme des petits fous. C'est bien agréable. Cependant il me semble que la formule ronronne, et même décline. Solliciter les succès de la chanson française, c'est bien joli, mais comme l'industrie du disque ne produit pas 40 ou 50 tubes par an, cela oblige à remonter de plus en plus loin dans le temps. Ca se voit, et c'est moins fédérateur. Ces dernières années avaient bien été l'occasion de tenter un renouvellement au travers de tournées, mais l'idée a tourné... court.
Et puis les Enfoirés deviennent un monument, une institution, un passage obligé. Pour les jeunes pousses, c'est l'occasion d'être médiatisé un peu plus (les recalés ou reçus de la starac sont-ils tellement en manque ?) et d'acquérir une image positive car solidaire, tout en se plaçant opportunément dans la lignée à succès de leurs aînés. De l'autre côté, les plus vieux peuvent y voir de quoi relancer une carrière mollissante, ou au pire décrocher quelques galas.
Enfin, la petite ritournelle qui a fait son apparition cette année m'a passablement agacé. "Il ne faut pas copier ou télécharger ce CD car c'est de l'argent en moins pour les Restos". Si l'argument, dans l'absolu et du point de vue des Restos, est tout-à-fait légitime, difficile dans le contexte actuel de ne pas y voir la volonté des grandes majors du disque... qui ont des contrats avec la plupart des chanteurs présents !
Je me prends à rêver, pour l'année prochaine, à une saison sans émission télé, mais où sortirait un CD de duos, trios, quatuors... totalement inédits (et dont chacun pourrait assurer la promotion à tour de rôle, ce qui n'exigerait pas plus de temps qu'à l'heure actuelle).

Quant à l'origine de tout cela... les Restos du Coeur sont, eux aussi, devenus une institution. Une grosse organisation. Je trouve ça proprement intolérable. Non pas que je critique le travail des bénévoles, ni que je dénigre les distributions de repas ou les solutions apportées aux problèmes quotidiens. Mais il n'est pas normal que les Restos fonctionnent depuis près de vingt ans et distribuent toujours plus de repas chaque hiver. Il me semble que les Restos servent malheureusement d'alibi aux décideurs de tout poil : politiques, entrepreneurs, pouvoirs européens par exemple. Ceux-ci se dispensent de trouver des solutions durables à l'exclusion grandissante, sous le seul prétexte de l'existence des Restos, qui ne devraient (ne devaient ?) pourtant être que temporaires. Il est tellement plus facile de laisser faire le bon peuple ! Je refuse désormais de cautionner cette évolution, cette situation interminable. D'ailleurs, je ne suis pas sûr que Coluche lui-même l'aurait approuvée.

Flânons donc.