Celles et ceux qui ont déjà vécu ça me comprendront. S'il est une situation fausse, un sommet de malaise, c'est bien d'aller chercher ses dernières affaires chez un ou une ex. Si la rupture s'est faite avec fracas, elles seront déjà sur le trottoir. Sinon, c'est une drôle de corrida qui commence. Le toro et la muleta. On se frôle à peine, on s'évite, ole ! Si l'un se tourne, l'autre se détourne dans le même mouvement. Les regards sont magnétisés, mais c'est au même pôle car ils se repoussent sans cesse. On n'ose pas dire, on ne veut plus dire, ou l'on n'a plus rien à dire. On se limite aux faits, aux objets, qui sont neutres, eux. Des politesses machinales, et basta.
Dans la voiture de retour, à la radio la moindre chanson d'amour ou assimilée est insupportable.

Flânons donc.

Chanson d'amour (...!)
[Fredericks-Goldman-Jones]

Chanson d'amour, hystérie du moment, écrans, romans, tout l'temps
Des p'tits, des lourds, des vrais, d'autres du flan
C'est trop, finissons-en
Ça dégouline de tous les magazines
Ça colle aux doigts, ça colle au cœur, c'est dégoûtant
En vérité,
Qui pourrait m'en citer
Un seul qui lui ait donné
Plus de liberté

Des amours propres, les plus sales, écœurants
J'en ai croisés souvent
Enfants parents, photos, sourires, charmants !
Nés pour venger tous leurs échecs, donnant donnant
Amours "vautours" ou "vitrine", j'en ai vus
Mais des amours tout court, ça court pas les rues

Abus d'confiance, vulgaire anesthésique
Inconscience pathétique
Ça peut cacher nos misères un moment
Comme un alcool, comme une drogue, un paravent
Mais y a toujours un de ces sales matins
Où l'on se dit que l'amour, ça sert à rien

Trève de discours, y a rien d'pire que l'amour
Sauf de ne pas aimer
Autant le faire, c'est clair
Et puis se taire