Flâneur

Quelques mots d'un flâneur ordinaire...

mardi 29 juin 2004

Le Talon de fer : histoire(s), politique et interrogations

Voilà un livre qui m'a été recommandé par un ami... il se reconnaîtra et je le remercie ici de ce conseil. C'est en effet une lecture enrichissante mais qui n'est pas de tout repos, intellectuellement parlant. Tout d'abord parce que Jack London, beaucoup plus connu pour ses romans d'aventures tels que Croc-Blanc ou L'Appel de la forêt, s'essaye avec ce recueil à l'anticipation, voire la fiction. Et l'échelle de temps n'est pas simple à suivre : les événements décrits s'étalent de 1912 à 1917, et sont relatés dans un "manuscrit" censé être écrit en 1932 mais découvert seulement en... 2368. A nous, lecteurs du XXIème siècle, de faire l'effort constant de nous souvenir que ce roman a été écrit par London en 1908. Cet effort est pourtant indispensable pour apprécier la portée des "prédictions" contenues dans Le Talon de fer.

Quelques mots de l'histoire : Avis Cunningham, jeune bourgeoise fille d'un professeur d'université en Californie, fait la connaissance d'Ernest Everhard, militant socialiste (aujourd'hui on dirait d'extrême-gauche) qui va la séduire et l'éveiller aux douloureuses conditions de vie du peuple ouvrier américain. C'est en révolutionnaire qu'elle traversera les événements tragiques qui conduiront à l'avènement d'une dictature impitoyable menée par une oligarchie financière, le Talon de fer.

Alors bien sûr, on peut considérer que cette "politique-fiction" est ratée, au regard de l'Histoire. Pas de Commune de Chicago réprimée dans un monumental bain de sang, mais une révolution russe. Une dictature (ou plusieurs) fasciste certes, mais moins fondée sur une oligarchie financière que sur une idéologie raciste. Pas de république coopérative mondiale après trois siècles de dictature, mais des régimes communistes qui s'effondrent après moins de cent ans d'existence (encore que ce dernier pari soit toujours valide... réponse dans 300 ans). Cette comparaison peu flatteuse avec l'histoire officielle incite certains à ne plus retenir du Talon de fer qu'un roman d'amour. A mon sens, ce serait une erreur.

Tout d'abord parce que l'histoire d'amour entre Ernest et Avis, bien que récurrente, occupe une place très restreinte dans le récit. On pourrait presque l'assimiler à un subterfuge littéraire, un prétexte, un liant entre les idées et anticipations politiques. Ensuite parce que ce serait méconnaître le talent didactique de Jack London. Pour qui avait des lacunes en histoire et sociologie politiques, comme c'était mon cas, les thèses marxistes sont exposées avec une clarté exemplaire. Enfin parce que - et c'est une raison suffisante pour découvrir ce livre - à y regarder de plus près, la partie futuriste n'est pas si mauvaise que cela. Qui oserait nier que c'est bien une minorité capitaliste fermée qui mène le monde aujourd'hui ? A mériter un qualificatif que chacun choisira, lucide, cynique, réaliste, pessimiste, on ajoutera que les maîtres actuels ont troqué la dictature ostensible et l'usage de la force contre une démocratie de façade, qui donne l'illusion au bon peuple qu'il se dirige lui-même.

Quand je vous disais que ce n'était pas une lecture de tout repos... mais la littérature sert aussi à ça, que le lecteur se pose des questions.

Flânons donc.

lundi 28 juin 2004

Harry Potter, troisième !

Comme je ne goûte que très moyennement la foule et les engouements marketing, j'ai attendu quelques semaines avant de prendre place dans une salle obscure pour apprécier le troisième opus filmé d'Harry Potter. J'y suis allé avec un a priori favorable, puisque ce troisième tome est à mon avis le meilleur de la série des bouquins de Joanne K. Rowling.
Je n'ai pas été déçu, mais pas non plus exagérément enthousiasmé. A vrai dire, il est conforme à ce que j'attendais. Un peu meilleur que les précédents parce que l'histoire est meilleure, aussi fidèle au livre, mais avec les raccourcis et approximations que j'imagine inévitables pour avoir une longueur compatible avec le cinéma. Je regrette quand même que quelqu'un qui n'aurait pas lu le bouquin ne saurait toujours pas, à la fin du film, qui sont Queudver, Lunard, Patmol et Cornedrue. Je ne me souvenais pas non plus que les Détraqueurs volaient... quel besoin ont-ils alors de monter dans le train au début ? Faudra que je vérifie. Les fans d'Alan Rickman regretteront également que le rôle de Snape - pardon, Rogue en français adapté - ait été aussi réduit, alors qu'il n'a jamais un petit rôle dans les histoires (avec par exemple la potion pour Lunard). Autre point à vérifier.
Pas grand-chose à dire de plus. Les amateurs apprécieront, les autres s'abstiendront. Ite Potter est.

Flânons donc.

mardi 22 juin 2004

Au preneur-de-téléspectateurs-pour-des-cons !

Brève vision d'enfer à la télé hier soir (non, pas le match... quoique). Une chaîne soi-disant de service public recyclait une starlette de trash télé. Sous la pluie, elle minaudait dans le micro en playback, sous le désormais traditionnel panonceau "en direct". Affligeant.
Décidément, la Fête de la musique, c'est dans la rue qu'elle doit rester.

Débranchons donc.

vendredi 18 juin 2004

Que diable allait-il faire dans cette chébèque ?

Voilà quelques temps que je n'ai pas flâné par ici. Rassurez-vous, la canicule n'a pas eu raison de moi. J'étais occupé. Puis en vacances. Et depuis quelques jours, en tant qu'amateur (raisonnable) de foot, les soirées sont bien occupées aussi.
Il m'est cependant resté assez de temps pour suivre le conseil de mon collègue Briographe, grâce lui en soit rendue au centuple. Je me suis penché sur la série BD "De cape et de crocs", par Ayroles et Masbou (éditions Delcourt). J'en suis tombé à la renverse (ne me demandez pas comment je fais pour tomber à la renverse en me penchant, je l'ignore moi-même, et puis quelle mauvaise foi !). Le premier tome (sur 6 parus à ce jour) que j'ai dès à présent le plaisir, l'honneur et l'avantage de serrer dans ma bibliothèque, est enchanteur. Tout juste un peu lent à démarrer, mais cela promet pour la suite.
Les aventures du loup hidalgo et du renard gentilhomme français sont aussi virevoltantes que la pointe de leurs épées. Accompagnés du lapin Eusèbe, les voilà partis à la poursuite du fabuleux trésor des îles Tangerines, une quête qui s'annonce fertile en rebondissements de toute nature.
Les dessins sont clairs, les couleurs avantageuses. Quant aux dialogues, abondants sans être envahissants, ils donnent tout leur sens à l'expression consacrée "la langue de Molière" ! Amateurs de belle langue (mais sans prise de tête ni d'aspirine), de Bernard Pivot ou de Philippe Meyer, surtout ne pas s'abstenir. :D

Flânons donc.

CapeCrocs