Flâneur

Quelques mots d'un flâneur ordinaire...

samedi 28 mai 2005

...

Mon ami, mon frère,
Il faut vraiment que tu nous rendes visite. En ce moment plus que jamais. Loin de ton ciel gris, ici tu découvriras toutes les nuances jusqu'au bleu le plus profond. Loin de ton blizzard, ici tu admireras les cent reflets, les mille éclats prodigués par notre soleil. Loin de ta neige, ici tu sentiras sur ta peau la fraîcheur bienfaitrice d'une petite pluie. Loin de tes températures toujours négatives, ici tu goûteras l'air un peu plus doux de jour en jour. Loin de ta banquise, ici tu entendras germer les graines sous chaque motte de terre, les racines s'enfoncer entre chaque poussière d'argile, les plantules déchirer chaque croûte de sol vers l'air neuf, les bourgeons éclater au bout de chaque rameau...
Bref, tu l'auras compris mon ami, comme chaque année le printemps nous est rendu. Le soleil monte chaque jour plus haut au firmament, et de même mon espoir de te voir parmi nous.
Bien à toi,
Ton ami des régions tempérées.

jeudi 26 mai 2005

On a échangé nos blogs !

A l'initiative du groupe bande dessinée du Syndicat National de l'Edition, la première Semaine de la bande dessinée va s'ouvrir du samedi 28 mai au Samedi 4 juin.

BD

Au programme, différentes animation, dont un train de la bande dessinée, qui s'arrêtera chaque jour dans une ville différente et proposera aux visiteurs un parcours en immersion dans la bande dessinée... mais aussi des rencontres avec des auteurs, des animations en librairie. Dans cette semaine, jusqu'à mille auteurs de bande dessinée sont prévus en dédicace dans la plupart des grandes villes françaises.

L'événement étant relayé par TF1, des programmes spécifiques sont prévus, dont un Maillon faible spécial BD avec candidats déguisés en héros... J'ai déjà expliqué au moment du casting tout le bien que je pense de cette initiative. En termes modérés : je doute que ce jeu parvienne à véhiculer une image positive pour la bande dessinée... je crains qu'on reste au contraire dans l'infantilisation du genre, contre laquelle nous ne cessons de lutter. J'aimerais sincèrement pouvoir publier un contre-avis le 5 juin, mais pour l'heure je n'y crois pas trop.

Fort heureusement, cette fête de la bande dessinée n'est pas seulement une expo itinérante (dont le côté un rien trop "grand public" fait grincer quelques dents) et une séance de dédicace à l'échelle nationale, ce qui hormis l'échelle, n'a rien de très spectaculaire ni de spécialement novateur.

Le vrai intérêt de cette manifestation, pour les amateurs de bande dessinée, se trouve dans les petits événements organisés localement, souvent à l'initiative des libraires : rencontres avec des auteurs, débats, conférences, expositions d'oeuvres originales, performances collectives, ateliers... Allez faire un tour chez vos libraires, spécialisés ou non, ils ont sans doute prévu quelque chose !

Au final, ce sont peut-être les libraires qui réussiront à faire de cette semaine de la BD une réussite. Un peu comme à la fête de la musique : il y a bien sûr les podiums RTL ou NRJ avec des vedettes... mais le vrai charme, se trouve dans les petites choses moins médiatiques, dans la rue.

Un exemple de rencontre avec les auteurs :

Librairie Violette and Co
102 rue de Charonne,
75011 Paris,
M° Charonne ou Faidherbe-Chaligny. Bus 46, 56, 76, 86.
tél : 01 43 72 16 07 http://www.violetteandco.com

Mercredi 1er juin à 19h : A l'occasion de la semaine de la bande dessinée, une soirée dédiée aux femmes auteurs de BD.

Avec CHANTAL MONTELLIER (Les Damnés de Nanterre...), NINA (Une par une...), JEANNE PUCHOL (Haro sur la bouchère...) et PERRINE ROUILLON (La Petite personne...).

"Dans le cadre de la semaine de la bande dessinée, nous avons invité quatre dessinatrices à (re)découvrir, chacune avec leur style propre. Elles partageront avec vous leurs réflexions autour de l'imaginaire des femmes, du choix de la bande dessinée comme mode d'expression, de la difficulté d'avoir des visées féministes dans la création, de la domination du masculin dans la BD, de la censure (et de l'autocensure), de la création d'une collection consacrée aux femmes (Traits féminins, éd. L'An 2) et encore bien d'autres thèmes au gré de vos questions ! Et bien sûr une séance de signature est organisée à l'issue de la rencontre."

A noter, cette fête de la bande dessinée n'est pas suivie par l'ensemble de la profession : des éditeurs alternatifs parmi les plus prestigieux ont décidé de la boycotter.

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la note du jour de Flâneur est chez le Briographe.

samedi 21 mai 2005

Interview exclusive de Patrick Cauvin

Une fois n'est pas coutume, je vais faire mon intéressant. Oui, j'ai rencontré Patrick Cauvin et me suis entretenu avec lui (les anglicismes, ça suffit dans le titre). Il a eu la gentillesse de me recevoir chez lui et de répondre à mes questions pourtant pas toujours originales. Et pour aller au fond des choses, ça date (quand même) de 1999 ; j'avais obtenu cet entretien pour un site perso qui a périclité depuis faute de suite.
De nos jours, le texte complet ne se trouve plus que sur ce blog carnet, et c'est par ici.

Flânons donc.

vendredi 20 mai 2005

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C’est bientôt l’heure. Il faut que je me fasse belle. Je m’affine, je rentre le ventre. Je me défroisse, je m’étire. C’est important pour faire bonne impression, jusque dans les coins. Je l’attends avec impatience, mon bel amant brun. Pour faire ma coquette et ne pas trop l’intimider, je me suis évidé quelques petits trous sur le côté. Il va venir et mon heure de gloire va sonner. Il commencera doucement, presque timidement, par quelques chiffres en haut à droite. Puis il s’enhardira, et de sa petite patte noire, il me caressera sur toute la largeur. Une ligne puis une autre, au gré de respirations ponctuées, et je m’adoucirai pour le laisser glisser sur moi encore et encore. Mon bonheur est éphémère, je le sais, il ne dépasse jamais trente centimètres. Pourtant j’apprécierai chaque chatouille de guillemets, chaque soupir de virgule, chaque souffle d’interrogation dans ses va-et-vient impudiques. Surtout ne pas rougir. Au contraire, blanchir. Ah, comme il est bon d’être une feuille blanche amoureuse d’un stylo !

mercredi 18 mai 2005

Génération spontanée : spontanément dépravé

Un roman de Christophe Ono-dit-Biot (un blase pareil, c'est forcément un pseudo) qui m'est arrivé entre les mains par hasard, et que j'ai lu rapidement parce que techniquement ça se lit vite (j'utilise l'adverbe à dessein).
Première partie. Axel et Lorant, respectivement maître-nageur et serveur, rêvent de promotion sociale et d'argent sans compter. Ils utilisent un moyen radical : s'approprier un roman oublié du XIXème siècle. Voilà qui commence plutôt bien, le lecteur attend la suite.
Deuxième partie. L'imposture prend forme, et ça marche. Le champagne et les spotlights coulent à flot. Chez le lecteur, c'est l'écoeurement qui surnage devant la décadence parisienne de l'édition et de la télé.
Troisième partie. La machine s'emballe et déraille à pleine vitesse, totalement incontrôlable. Le lecteur ne sait plus que penser de ces rebondissements tous plus excessifs et moins crédibles les uns que les autres. Un dénouement en forme de point d'interrogation, à peine moral. Ouf, c'est fini.
Un seul petit point digne de sourire : les vedettes presque sans maquillage. Un directeur de chaîne nommé Bougeotte, ça vous dit rien ? Une productrice de télé-réalité nommée Félicia Duroc-Lambert, ça vous dit rien ? Un animateur-producteur à la télé et "animateur le plus con de la bande FM" nommé Armand, ça vous dit rien ? Moi si.

Flânons donc.

mardi 17 mai 2005

Le désosseur : désossage réussi

Changement complet d'univers. Le désosseur, c'est du policier, du vrai, bien lourd bien inquiétant, mâtiné de suspense à vous faire tourner les pages deux par deux. Jeffery Deaver a réussi son coup, c'est sûr.
Lincoln Rhyme est un enquêteur hors pair, rompu à toutes les techniques de police scientifique. En particulier, il n'a pas son pareil pour râtisser une scène de crime et y dénicher des indices, si menus soient-ils. Cependant, un accident l'a laissé paralysé à l'exception de sa tête et de sa nuque, le forçant à se retirer des affaires. Pourtant, lorsqu'un meurtre répugnant est commis et que tout annonce une suite, ses anciens collègues viennent le trouver pour qu'il les aide depuis sa chambre. Une jeune policière inexpérimentée mais au caractère bien trempé va devenir ses bras et ses jambes sur les scènes de crime. Course contre la montre et courses-poursuites dans la bonne ville de New York vont faire évoluer les protagonistes dans leur façon de voir la vie.

Il n'y a pas à hésiter : j'ai aimé. L'efficacité américaine, peut-être. L'histoire, le déroulement, les personnages, les situations, le style, le suspense... tout est solide, crédible. Une indication parmi d'autres de la qualité de ce bouquin : un film en a été tiré (Bone collector, le titre original, avec Denzel Washington et Angelina Jolie). Il est d'ailleurs passé à la télé il y a peu. Eh bien autant à ce moment le film ne m'intéressait pas trop, autant j'ai envie de le voir maintenant que j'ai lu le livre. Un sacré gros indice...

Flânons donc.

lundi 16 mai 2005

La culture de l'hystérie n'est pas une spécialité horticole

Retour vers le monde littéraire. Voilà un roman de Hubert Haddad que j'ai pris à la bibliothèque sur la seule foi de son titre - ce qui ne m'arrive pour ainsi dire jamais. Mais là c'était vraiment trop tentant avec ce titre franchement inhabituel, déjà par sa longueur.
De quoi s'agit-il ? D'un héros qui, pour un peu de haschich dans son sac et beaucoup de malentendus, a croupi pendant trente ans dans une prison sri-lankaise. Lorsqu'il en sort et se retrouve sans le sou dans un Paris qu'il ne reconnaît plus, il apprend qu'il hérite grâce à un vieil oncle original d'un domaine. Un domaine spécial. Un petit château et son grand parc, aménagés en maison pour grands dépressifs et autres déséquilibrés bien garnis du portefeuille. L'héritier a bien droit à la pension complète au château, mais à condition de ne pas en modifier la destination. De rencontres bizarres en lectures grisantes, cet environnement va peu à peu affecter sa raison.

Bon, autant l'avouer tout de suite, j'ai été un peu déçu. Si les personnages sont bien dépeints, l'histoire se résume à pas grand-chose. Pas suffisant à mon goût. Quant au style de l'auteur, il est recherché, avec beaucoup de mots très compliqués (trop). Dommage, le titre était bon et ça partait plutôt pas mal, mais ça aurait mérité un meilleur traitement.

Flânons donc.

mercredi 11 mai 2005

Photoblog panoramique

Après quelques jours de repos dans le Sud-Ouest, je reviens avec quelques photos, malgré un temps rarement génial.
Merci de votre indulgence, mon appareil zet moi-même avons du mal avec la gestion des contrastes...





Flânons donc.

dimanche 1 mai 2005

Le chat qui déplaçait des montagnes : trop félin pour être honnête

Voilà une nouvelle série policière que je découvre, celle de Lilian Jackson Braun et ses "Le chat qui...". L'occasion faisant le larron, je commence en plein milieu, et les personnages, principaux et annexes, sont déjà installés. C'est un poil frustrant de ne pouvoir saisir les allusions aux rapports entre le héros et ses connaissances, mais c'est suffisamment bien écrit pour que cela ne porte pas à conséquence.

Petit résumé : Jim Qwilleran, ancien journaliste et détective amateur, décide de partir se reposer pour l'été dans les Potato Mountains (un tel nom ouvre évidemment la porte à tout un tas de jeux de mots sans doute plus vrais en anglais mais assez bien traduits). Il est accompagné de ses deux siamois, Koko (lui) et Yom Yom (elle). Mais il arrive au beau milieu d'un climat tendu entre les habitants de la montagne, écologistes dans l'âme, et ceux de la vallée, qui souhaitent le développement économique par le tourisme. Pour aggraver le tout, un riche promoteur a été tué et l'un des opposants est en prison - à tort selon certains. Si Qwilleran et ses chats s'en mêlent, le meurtrier a du souci à se faire.

Le volet policier de ce bouquin est plus que correct. Intrigue et progression sont bonnes. Le volet psychologique est bien étudié également. Reste le volet "chats à toutes les sauces", ou comment être asservi à un chat, qui finit par me taper sur le système. A recommander donc plus spécialement aux amateurs de matous.

Flânons donc.