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le samedi 25 mars 2006 à 13h48 par le Flâneur scribouillard
Cela ne faisait que quelques semaines qu’ils vivaient ensemble, et il n’y avait déjà plus un bruit dans l’appartement. Non qu’ils ne s’aimassent pas. Mais elle était paresseuse, et lui taciturne. Ils avaient d’abord, très vite, laissé tomber le babillage, le superficiel. Puis, au fil des jours, ils avaient abandonné le discours, renoncé à la parlote, délaissé le propos, pour finir par se défaire de la parole pure et simple. Chez eux, le silence était d’or.
Pourquoi vocaliser, quand il y a la liste des courses sur le frigo ? Pourquoi s’époumoner, quand il suffit de tourner le dos ? Pourquoi rugir de colère, quand on peut simplement froncer les sourcils ? Pourquoi murmurer des remerciements, quand un baiser s’en charge ? C’est à la suite de toutes ces questions, qu’ils n’avaient évidemment pas formulées et dont les réponses tenaient de l’évidence, qu’ils avaient démissionné du langage oral. Ils s’aimaient, se comprenaient, s’entendaient en silence : pas besoin d’autre chose.
Le plus étrange était que cette entente muette n’était valable que chez eux. Au-dehors, dans leur travail respectif, chacun était loquace. Volontiers, on les eût dits volubiles, bavards, pipelettes même. L’alchimie du silence ne fonctionnait qu’à eux deux.
Commentaires
1. Le dimanche 26 mars 2006 à 18h15, par GalaTzara
2. Le dimanche 26 mars 2006 à 22h28, par Flâneur
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