Il est à peine besoin de présenter Tahar Ben Jelloun, écrivain marocain de langue française et goncourisé. J'avais lu L'enfant de sable et n'avais pas accroché plus que ça, mais j'étais probablement trop jeune. Depuis, je n'avais pas vraiment eu l'occasion de lire un autre de ses ouvrages ; c'est chose faite.

L'homme rompu aurait tout-à-fait pu, en n'ajoutant que trois lettres, s'appeler "L'homme corrompu", car c'est de cela qu'il s'agit. Mourad est fonctionnaire dans une administration marocaine de l'équipement. Personnage raisonnablement important, de sa signature dépendent en partie les permis de construire. Une position qui attire les pattes graissées et les dessous de table. Pourtant, Mourad est honnête, intègre. Mais il est coincé entre son adjoint et son chef, qui le pressent d'apprendre la "souplesse", et sa femme, soutenue par sa belle-mère, qui lui reproche aigrement son salaire de misère. Un jour, Mourad cède et accepte une enveloppe puis une seconde, moins sous la pression que pour assurer une meilleure vie à ses deux enfants, et dans l'espoir de pouvoir divorcer et se rapprocher d'une cousine aimée. Cependant rien ne se déroule simplement, sa conscience le harcèle, son imagination lui joue des tours et il finit par attirer l'attention sur lui.

Une réflexion "de l'intérieur" sur la corruption en général et celle de la société marocaine en particulier. Elle montre bien les tourments des gens qui ont des scrupules dans un environnement moralement relâché.
En résumé, pas indispensable mais bien intéressant.

Flânons donc.