Cela fait plusieurs fois que je le remarque sur des blogs carnets que je lis régulièrement. Leurs auteurs ont leurs failles, leurs manques, leurs coups de blues. Pourtant ils écrivent, et parfois de jolis textes (c'est d'ailleurs pour ça qu'on y revient).
Mais si tout à coup leur situation s'éclaircit, qu'ils trouvent du travail, ou l'âme soeur, ou les deux pour les plus chanceux, plouf ! la production devient famélique, voire elle cesse tout-à-fait.
Bien sûr, il y a le temps que l'on peut/veut/choisit de consacrer à son carnet. Tout bêtement, on ne peut pas être au blog et au boulot (sauf cas particuliers), ou au blog et au câlin (selon le cas). Question de priorité, je le conçois. Mais au-delà de ça, je me pose deux questions. L'écriture d'un journal, plus ou moins intime, est-elle avant tout thérapeutique ? Et qu'est-ce que ça change que maintenant ce journal soit publié sur le net, au lieu avant de dormir dans un tiroir ? Deuxièmement, est-ce à dire que les gens heureux n'ont rien à dire ? Ou que le bonheur ne s'écrit pas ? Ou plus exactement, que le mal-être, les doutes, les déprimes s'écrivent bien plus facilement ? Peut-on aller jusqu'à dire alors qu'ils sont plus accessibles, se partagent mieux, et que par oposition le bonheur est essentiellement égoïste ? Je n'ai pas les réponses à toutes ces questions (mais je cherche). En réfléchissant trente secondes cependant, je me rends compte que c'est un thème que les romantiques du XIXème siècle ont déjà abordé - il faudrait que je trouve le temps de parfaire ma culture.
En guise d'illustration de mes interrogations, juste à point, voilà un extrait d'un texte (bien plus récent que les Romantiques) de Grand Corps Malade, qui fait écho avec subtilité.

Flânons donc.


Je dors sur mes deux oreilles (2006, album "Midi 20")

J'ai constaté que la douleur était une bonne source d'inspiration
Et que les zones d'ombre du passé montrent au stylo la direction
La colère et la galère sont des sentiments productifs
Qui donnent des thèmes puissants, quoi qu'un peu trop répétitifs
A croire qu'il est plus facile de livrer nos peines et nos cris
Et qu'en un battement de cils un texte triste est écrit
On se laisse aller sur le papier et on emploie trop de métaphores
Pourtant je t'ai déjà dit que tout ce qui ne nous tue pas nous rend plus forts
C'est pour ça qu'aujourd'hui j'ai décidé de changer de thème
D'embrasser le premier connard venu pour lui dire je t'aime
Des lyrics pleins de vie avec des rimes pleines d'envie
Je vois, je veux, je vis, je vais, je viens, je suis ravi
C'est peut-être un texte trop candide mais il est plein de sincérité
Je l'ai écrit avec une copine, elle s'appelle Sérénité
Toi tu dis que la vie est dure et au fond de moi je pense pareil
Mais je garde les idées pures et je dors sur mes 2 oreilles