C'était l'automne, et comme les feuilles mortes se ramassent à la pelle, j'avais décidé d'aller faire une balade en forêt. Je venais d'arriver dans la région et on m'avait recommandé celle qui était toute proche. Première déconvenue en arrivant, ce n'était pas le taillis auquel je m'attendais, mais une forêt de sapins. Pas de jolies feuilles dorées par terre donc. Mais des papiers gras, ça oui.
Un peu agacé, je tentai de repérer un chemin inusité et commençai à l'arpenter avec plaisir. Il montait en lacets au flanc de la vallée, et j'entendais le murmure apaisant d'un petit ruisseau qui coulait tout proche. Hélas, ce chuchotis fut bien vite couvert par le bruit assourdissant d'un moteur pétaradant.
C'était un jeune con, au volant d'une petite moto à quatre roues, qui grimpait le chemin à fond de train, incontrôlable et inconscient. Il me dépassa sans un regard et sans un geste : je ne faisais pas de bruit, je ne bougeais pas très vite, je comptais donc pour quantité négligeable. Après son passage, mon nez m'informa que le sans-gêne n'avait pas pollué que l'environnement sonore, mais aussi l'air ambiant d'un puissant relent d'essence. Ecoeuré, j'abandonnai le chemin et partis dans les sous-bois.